technique des transmissions candestines

Les transmissions radios militaires et clandestines .Quelques bases techniques pour comprendre la Radio

« avec les connaissances et les possibilités techniques des années 1935 /1960 »

 Mémoire Allyre Sirois, opérateur radio « video »

 LES TRANSMISSIONS RADIO CLASSIQUES

Un émetteur radio est un appareil producteur de radiations électromagnétiques à haute fréquence. Par l’intermédiaire d’une antenne, il rayonne dans l’espace, ces radiations qui voyagent à la vitesse de la lumière.

Un récepteur radio placé en un point quelconque de l’espace captera ces radiations par l’intermédiaire d’une antenne, il sélectionnera parmi toutes ces radiations la fréquence choisie, il la rendra audible en la détectant, enfin, il l’amplifiera à un niveau convenable et audible.

Un émetteur sera caractérisé:

1- Par la fréquence ou la plage de fréquences sur lesquelles il peut émettre. Les fréquences sont expri­mées en kilo-cycles ou mégacycles (Mhz ou Khz )

2- Par sa puissance, c’est-à-dire par l’énergie qu’il est capable de dissiper dans une antenne. La puis­sance est exprimée en watts;

3- Par le type de signaux émis: télégraphie,phonie, télex, etc.

Un récepteur sera caractérisé:

1- Pour la fréquence ou la plage de fréquence qu’il peut recevoir et écouter.

2- Par sa sensibilité, c’est-à-dire son aptitude à rece­voir les signaux faibles .

3- Par sa sélectivité ou bande-passante, c’est-à-dire son aptitude à séparer deux émissions différentes mais de fréquences très voisines.

N.B. – une qualité commune aux émetteurs et aux récepteurs est la stabilité en fréquence, c’est-à-dire la faculté de ne pas dériver de la fréquence choisie durant le cours de la transmission ou de la réception.

Les émetteurs et récepteurs radio étant des appareils électriques, ils nécessitent pour leur fonctionnement une alimentation de puissance adéquate: piles, accu­mulateurs, génératrices, groupes électrogènes ou secteur.

Un centre de transmissions comprendra donc:

au minimum: un émetteur avec son alimentation et son antenne; un récepteur avec son alimentation et son antenne; accessoirement, une machine à chif­frer, ou un appareil de télégraphie auto­matique à grande vitesse.

A la limite, une station de faible puissance pourra être composée d’un émetteur, d’un récepteur, d’une alimentation et d’une antenne communes aux deux appareils. Un tel ensemble qui peut être très réduit prend le nom de  » valiseradio »

L’échelle des fréquences:

Une onde radio se produit d’une façon extrêmement simple: il suffit de faire passer dans un circuit un courant alternatif d’une fréquence suffisamment éle­vée. Prenons par exemple le courant secteur qui a une fréquence de 50 cycles, c’est-à-dire qui oscille 50 fois par seconde; élevons cette fréquence jusqu’à, 60000 cycles par seconde, c’est-à-dire faisons-la osciller mille fois plus rapidement: le circuit émettra alors une onde radio d’une fréquence de 60000 cycles (ou 60 kilocycles) qui partira à la vitesse de la lumière en rayonnant dans toutes les directions.

Si l’on coupe maintenant ce courant, à haute fré­quence selon le rythme de l’alphabet morse, on émettra des signaux radiotélégraphiques.

On peut également émettre une onde continue ser­vant de véhicule porteur à la voix (phonie)

Les ondes hertziennes se classent arbitrairement en :

1-Grandes ondes (fréquences de 50 kcls à 500 kc/s).

2-Ondes moyennes (de 500 kcls à 1 500 kcls ou 1,5 mégacycles).

3-Ondes courtes (de 1,5 mcls à 30 mc/s).

4-Ondes très courtes (de 30 mcls à 200 mc/s).

5-Ondes ultra-courtes (fréquences supérieures à 200 mc/s). Radar etc….

 Les puissances:

En théorie, et en règle générale, au fur et à mesure que l’on s’éloi­gne de l’émetteur, les signaux diminuent graduelle­ment d’intensité jusqu’à l’extinction complète.

Un accroissement de la puissance de l’émetteur et de la sensibilité du récepteur alliés à l’utilisation d’an­tennes à gain élevé reculent dans de grandes pro­portions la limite de cette zone d’extinction des signaux.

En raison de l’influence majeur du milieu environnant, il n’est pas possible d’établir de rela­tion rigoureuse entre la puissance et la portée. Néan­moins, pour fixer les idées, on peut dire que, pour des émetteurs travaillant en téléphonie dans la gamme de 2 à 30 mc/s:

-Avec une puissance de 0,5 à 1 watt, la portée moyenne d’utilisation est de l’ordre de 4 à 10 km.

-Avec 10 watts cette portée peut s’étendre jusqu’à 20 km environ.

-Avec 100 watts on peut généralement compter sur une portée de 200 km.

Enfin, pour un gros émetteur de 1 kilowatt, on peut tabler sur une portée de 6000 km.

Si on utilise ces mêmes émetteurs en télégraphie de nuit, on peut envisager une portée utile doublée, soit environ: 40 km pour 10 watts, 1000 km pour 100 watts et 15000 km pour 1 kilowatt.

Cette propagation, dite par onde de sol parce que l’onde produite se propage très près du sol, permet ainsi, par tous temps et à toute heure, une liaison sûre et sans trous importants entre l’émetteur et le récepteur, jusqu’à pratiquement la limite de l’extinc­tion des signaux pour des liaisons en télégraphie . C’est le type de propagation qui convient le mieux aux applications militaires classiques.


 LES TRANSMISSIONS RADIO CLANDESTINES

 Les impératifs des fréquences :

 Rappelons nous le problème qui était du S.O.E. dès sa création, maintenir des liaisons radio télégraphique bilaté­rales entre l’Europe occupée (et principalement la France) et Londres. Cela représente une portée de 100 km au minimum pour une sta­tion clandestine située dans le nord de la France et de 2 000 km au maximum pour une station travaillant dans les pays occupés les plus lointains. D’autre part, la liaison doit pouvoir être maintenue de jour comme de nuit.

Les fréquences permettant de couvrir ces distances limites avec une seule réflexion ionosphérique s’éche­lonnent de 3 mhz à 8 mhz environ. Si l’on consi­dère plus particulièrement le cas de la France, l’expérience montre que les fréquences optimum entre :

a- 8 heures et 18 heures se situeront aux alentours de 6 mhz

b- 19 heures et 7 heures, aux alentours de 3 mhz. Si le clandestin doit se trouver sur la côte méditerranéenne, une fréquence de l’ordre de 8 mhz pourra faciliter les liaisons de jour.

 Les impératifs de puissances :

. La portée à franchir pouvant s’obtenir avec un seul bond de l’onde aérienne, la puissance ne constitue nullement un a priori déterminant. Ce sont les impé­ratifs de poids et d’encombrement et donc de discrétion,qui obligeront à choisir des émetteurs de très faible puissance: 1 à10 watts. Cela va d’ailleurs contribuer, dans une certaine mesure, à la protection contre le repérage ennemi à courte distance en réduisant les fréquences parasite.

 Nous n’avons donc plus le choix, la télégraphie manuelle s’impose d’elle-même, et nous allons nous trouver dans l’obligation d’avoir à former d’excel­lents opérateurs radio, capables de transmettre des signaux morse à la vitesse minima de vingt à vingt­ cinq mots minutes ,soit cent à cent vingt-cinq lettres ou chiffres.

L’impératif de la stabilité:

L’émetteur clandestin arrive, avec un signal en générai assez faible, à la centrale et, comme il ne peut émettre que pendant un temps extrêmement court afin d’échapper au repérage ennemi, sa fréquence doit être fixée avec une précision absolue, de façon que la centrale ne perde pas de temps à le chercher. Le moyen le plus simple et aussi le plus efficace, à la fois pour émettre une fréquence déterminée et pour assurer sa parfaite stabilité, est le quartz. En effet, un quartz taillé en une mince lamelle, du format d’un timbre-poste, entretient, lorsqu’il est excité par un courant à haute fréquence, des oscillations d’une très grande stabilité dont la fréquence exacte est déterminée par l’épaisseur de la lame de cristal de quartz. Des appareils de haute précision permettent de tailler des quartz pour une fréquence donnée au kilo-cycle près.

Un émetteur clandestin pourra avoir au maximum trois cristaux fixant une fréquence de jour, une fré­quence de nuit et une fréquence d’urgence.

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Le récepteur clandestin:

Ses dimensions très réduites mises à part, il ne sera pas différent d’un récepteur de trafic normal de l’époque. Prévu pour la réception des signaux morse, il devra avoir une sélectivité et une stabilité aussi poussées que le permet la technique. Sa sensibilité sera élevée mais sa puissance limitée au maximum pour l’écoute au casque.

L’alimentation :

En principe, commune au récepteur et à l’émetteur, elle devra permettre l’utilisation du secteur sous n’importe quel voltage mais aussi d’un simple accu­mulateur de voiture. Sa construction sera particu­lièrement robuste tout en restant la moins lourde possible et la plus compacte.

Avec ces quelques notions sur les transmissions, nous avons maintenant un bagage suffisant pour partir en toute connaissance de cause à la découverte de ces très extraordinaires et très mystérieuses petites ma­chines, aujourd’hui infiniment rares et précieuses.

Outils indispensables. liens uniques et ténus entre l’oasis lointaine et l’aride désert des pays occupés, les émetteurs-récepteurs secrets du S.O.E. sont pro­bablement les objets historiques les plus lourds de sens et les plus chargés d’émotion. Nous devons les considérer avec un très profond respect car, pour entretenir la vie d’un réseau, ils menaient leurs opé­rateurs sur les chemins de la mort.

N’ oublions jamais leurs sacrifice !

Un émetteur d’un watt peut, dès les années 1940, être extrêmement réduit: de la taille d’un petit cof­fret à cigares comme par exemple la « Paraset ».

Avec une antenne extérieure correcte­ment installer, il rayonnera un signal qui sera reçu avec une très bonne puissance à Londres.

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 L’impératif de l’antenne:

Il sera déterminant: une antenne extérieure correc­tement établie est la première chose à proscrire abso­lument pour un émetteur clandestin, pour la bonne raison qu’elle attirera immanquablement l’œil d’un spécialiste ou qu’elle intriguera le passant simplement curieux.

Établie à la hâte dans une chambre de bonne ou dans un appartement, l’antenne clandestine, mal dé­gagée. mal isolée, repliée en zigzag, rayonnera la plus grande partie de l’énergie de l’émetteur dans les murs environnants. De plus, le réglage du poste établi au plus vite sera rarement correct, d’où une perte d’énergie pouvant atteindre de très fortes proportions. Si l’on utilise dans ces conditions un émetteur d’un watt, il est vraisemblable que l’énergie effectivement dissipée dans l’éther sera insuffisante pour que la liaison puisse avoir lieu correctement

Par contre, un émetteur d’une dizaine de watts tra­vaillant dans les pires conditions rayonnera peut-être encore 2 ou 3 watts dans l’antenne, ce qui permettra un trafic efficace sans émettre pour autant une onde parasite trop importante.

L’impératif du type des signaux à utiliser:

Les transmissions militaires classiques utilisent la « phonie» aux petits échelons. Ces transmissions ont lieu en principe en langage clair, quelquefois camouflé d’une façon très simple.

A tous les autres échelons, les transmissions se font par télégrammes chiffrés, transmis par télégraphie automatique, télétype, appareils pour la transmission de fac-similés et, dans les cas de liaisons difficiles, par télégraphie manuelle voire optique.

La transmission clandestine est beaucoup moins accommodante, elle rejettera tout d’abord tous les appareils lourds, encombrants, bruyants, gourmands en énergie électrique et finalement non essentiels, c’est-à-dire tous les appareils de transmission auto­matique.

Il faut se souvenir qu’un agent travaillant en territoire ennemi sera déjà encombré avec le strict minimum constitué par un émetteur-récepteur.

il y a la phonie : la phonie oblige à utiliser une puissance plus élevée pour une portée moindre, elle est particulièrement indiscrète, facilite le repérage, se brouille très facilement, oblige à des répétitions et à l’obligation absolue d’épeler au moyen d’analo­gies chaque lettre du message à transmettre. En fait, elle nécessite, pour la transmission d’un message donné, une durée de transmission nettement plus lon­gue qu’avec la télégraphie, pour un résultat infini­ment moins sûr.